« Dans la brume électrique »

de Bertrand Tavernier

avec Tommy Lee Jones, John Goodman, Peter Sarsgaard

Américain, français - Policier

1h 57min - produit en 2008

            Tommy Lee Jones cherche un psychopathe dans les brumes de Louisiane... En fouillant les bancs de sable, il déterre de vieux cadavres, de vieux fantômes ... Ca pue la vase, le gaz des marais, l'alcool et diverses autres pourritures dans les bayous glauques... Les esprits aussi sont embrumés : les souvenirs, revenants de la mémoire, ressurgissent, puants et mal contrôlés, fugaces mais obstinés... Une tension malsaine, moite et orageuse, enveloppe tout, la nuit s'y glisse - la lumière n'est jamais claire-, le passé vient se mêler au  présent, sans discernement...

            Polar assez oppressant qui ne me transporte pas outre mesure... ça manque un peu de surprise et de subtilité, mais ça se laisse regarder...

"Mahaleo"

 de César Paes et Raymond Rajaonarivelo

            Le groupe malgache « Mahaléo » fête ses 30ans. Né dans les années 70, il rassemble encore tous ceux qui, à Madagascar, ont besoin d'espérance, c'est-à-dire tout le monde. Leurs chansons politico-poétiques, avec des mots, avec des gestes, avec des sons, aident à donner du sens, à trouver des voies plus durables et plus justes... la route est encore longue...

            Bekoto, Fafa, Charles, Raoul, Dama, Nono, Dadah...ils sont médecin, député, chirurgien, responsables du développement rural, ils se battent avec toutes leurs armes depuis plus de 30 ans pour un pays que l'on découvre en arrière plan de leur parcours socio-musical : surpeuplé, brûlé, de la beauté, de la misère... Tous ces mélanges, toute cette vie, tous ces âges, c'est un peuple de la Terre qu'on découvre et qu'on aime...

"OSS 117: Rio ne répond plus"

de Michel Hazanavicius

avec Jean Dujardin, Louise Monot, Alex Lutz

Français - Comédie, Espionnage

1h 40min - produit en 2007

            J'entre dans la salle avec des réticences multiples, à reculons... Je m'assois dans le dernier fauteuil libre, la salle est peine de jeunes qui sourient dès la première image et s'esclaffent dès la troisième... Je suis portée par leurs rires, mes abdominaux (oui, oui, oui, j'en ai encore un peu, bien cachés tout au fond !) se détendent et se recrispent, je ris moi aussi, sans arrière pensée, parce que oui, c'est drôle, c'est même parfois très drôle !

            Bon, d'accord, c'est lourd, exprès, bien sûr, mais lourd quand même ! C'est tellement stupide qu'on est obligé de rire : quand on pousse le ridicule et la bêtise, on finit par atteindre les limites de l'absurde et là, ça commence à devenir intéressant... Parodie de parodie, caricature de caricature, grotesque plus que burlesque...

C'est finalement assez gonflé de faire un film dont le héros est un connard fini déconnecté d'un monde qu'il ne comprend pas et qui dénonce, à travers lui-même, tous les clichés franchouillards, racistes, antisémites, misogynes, ignares et stupides qui persistent dans la mentalité de beaucoup...

« Gran Torino »

de Clint Eastwood

avec Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her

Américain - Drame, Thriller

1h 55min - produit en 2008

            Au début, j'ai failli croire que Clint Eastwood était tombé dans la facilité et dans ses travers de jeunesse : Clint Eastwood dans le rôle d'un vieux croûton bougon, réac et même haineux, c'est du déjà vu ! Et là, c'est même un peu forcé, carrément caricatural ! Il hait les curés parce que Dieu lui a fait faux bond, il hait sa famille qui le fuit parce qu'il a tout fait pour ça, et il hait surtout ses voisins d'origine asiatique parce qu'ils ont la couleur de son passé : le guerre de Corée qui le hante et lui pourrit la vie depuis 50 ans à cause des horreurs qu'il y a perpétrées. Il a mal à la conscience, le Clint, et ça, on n'en guérit pas comme ça, surtout quand on refuse de la regarder en face !

            Et puis il va se mettre à regarder les autres et va enfin donner un sens à sa vie pour protéger deux jeunes d'un gang de prédateurs primitifs. Dans son style bien particulier, avec une tendresse et une humanité mal cachées et faussement maladroites, il nous donne une grande leçon qui remet en cause toute la culture de la violence qui ne sert qu'à générer des monstres sanguinaires : un superbe et subtile réquisitoire contre la vengeance et la brutalité qui finit en apothéose. Et il me fait encore pleurer... Bravo monsieur Eastwood...