Mardi 25 août, Anouk Aimée est là…

            19h50 - Le soleil est revenu secrètement et verdit la lumière, sans tapage… Une douceur légère et fraîche de fin d’été se glisse parmi nous, presque sur la pointe des pieds, noble et discrète, avec de grand yeux tendres et des cheveux lâchés sur les années, parfumés de souvenirs d’enfance… Si, c’est vrai ! Il y a même des témoins, des gens qui ont respiré le même air au même endroit, à la même seconde, des gens qui ont entendu le même rire et le même chaton, près de la grille de La Picauderie… Le temps se tasse, les années s’écrasent sur un papier ancien, un palimpseste sur lequel on n’arrivera jamais à cacher complètement les photos ni les souvenirs…

            Palpable, c’est réellement palpable… L’émotion, la vraie, celle qui fait des nœuds dans le ventre et qui pique les yeux, celle qui fait mettre des lunettes noires et qui fait triturer le fond des poches…

Des discours, ou plutôt des prises de paroles, où l’émotionnel prend tout de suite le pas sur l’officiel, une évocation de Fanchon à travers le poème de S. Gaillard-Forget, une plaque fait office de fonts baptismaux et ça y est, Anouk Aimée est la marraine émue de notre cinéma, revenue timidement vers son enfance, et ça, c’est pas du cinéma…

            20h45 - Projection (en sa présence !) dans les 2 salles du film choisi pour nous par Anouk Aimée : « Le saut dans le vide » -1979- de Marco Bellocchio.

            Des fenêtres ouvertes sur le vide, sur la mort qui vient d’y passer, aspirée par le néant… L’intérieur de la maison est comme les gens qui y vivent, brodé, méticuleux, creux, vide, sans vie, tellement sans vie que la mort y est déjà…Ignacio et Martha s’y tiennent enfermés dans la folie morbide qui remonte à leur enfance macérée dans la dégénérescence d’une bourgeoisie sclérosée, triste, à la fois violente et secrète, quand ils étaient des enfants sans enfance... La vie simple les dérange, l’hystérie les rassure, ils se consolent avec des comprimés, leurs chambres sont mortuaires, on y dort comme on y meurt…

            Et puis un jour, alors qu’on la croyait sombrée, perdue corps et âme, Martha fait fissurer le carcan protecteur et tyrannique que son frère a maintenu autour d’elle, elle se libère peu à peu de la chape de son contrôle ambigu. Elle jette une à une ses entraves par la fenêtre, loin en dehors des murs. Elle s’échappe sur la nef des fous avec des gens bien vivants qui chantent, qui délirent joyeusement, qui cassent, qui jettent et qui pissent… Elle s’échappe pour aller voir la mer et s’endormir enfin paisiblement, blottie contre l’avenir innocent d’un enfant bien vivant, loin des miasmes et des fantômes de la rigide demeure familiale bourgeoise et moribonde.

            Performance extraordinaire des acteurs (Michel Piccoli et Anouk Aimée), atmosphère lourde, montée des tensions, évolution des réactions, puissance oppressante : film fort !

            23h - Et puis pot et buffet, la détente et la goinfrerie, la vraie, celle qui me fait avaler avec délices bon nombre (quand on aime, on ne compte pas !) de petits cubes du fondant de Martine, presque jusqu’à la nausée (même pas vrai !)… et le rêve qui s’estompe, qui s’en va comme il était venu, en douceur, qui s’efface du fond des yeux mais qui reste là, bien accroché au fond de nous pour longtemps…

“ Bancs publics”

de Denis Podalydès

avec Denis Podalydès, Samir Guesmi, Bruno Podalydès

Français - Comédie

1h 50min – produit en 2008

            “T’es pas tout seul à être tout seul!”

            Une pléiade d’acteurs passent par là et, du coup, jouent un petit second rôle, comme ça, juste pour faire les gens, avec des petits riens loufoques, légers, fragiles et terriblement humains, juste pour prouver qu’en effet, l’homme seul n’est pas tout seul…

            Fantaisie burlesque, angélique, mélancolique et drôle qui regarde les gens dans des bureaux, autour du bassin d’un square et dans un magasin de bricolage, un régal d’été, climatisé et confortable, rafraîchissant et réconfortant…

 « I feel good »

 de Stephen Walker

Avec Joe Benoit, Helen Boston, Louise Canady

Britannique - Documentaire, Musical

1h 48min - produit en 2007

            Reportage durant 7 semaines sur une chorale :"Yong at heart"dirigée par Bob Cilman. Mais ce n'est pas une chorale comme les autres : les choristes ont entre 80 et 90 ans, certains même un peu plus !

Ils aiment la musique classique et les comédies musicales des années 50 mais ils chantent du punk et du rock, ils sont un rien irrespectueux, un rien indisciplinés et facétieux, ils sont chaleureux et cherchent toujours à élargir leur horizon. Ils quittent le goutte à goutte pour le note à note, et si l'un meurt, « The show must go on » : la vie continue et la mort est vaincue, parce que dans un groupe, « chacun n'est qu'une seule personne ».

Ils dégagent tant d'énergie et de chaleur humaine qu'ils réussissent à attendrir et émouvoir les gros durs d'une prison où ils vont chanter...

Ca donne envie de chanter, ça donne envie de sourire, ça donne envie de pleurer, ça donne envie de vivre et ça efface la peur de mourir... bref, c'est très réconfortant, surtout si vous avez plus de... à peu près comme moi, quoi...

51 spectateurs pour la dernière séance de cinéclub de cette courte saison. Christine nous présente les projets pour la prochaine saison :

- une soirée spéciale « Nos enfants nous accuseront » avec de nombreux partenaires locaux en septembre ,

- 10 séances de cinéclub (un dimanche soir par mois, de septembre à juin)

- un week-end « adaptation littéraire » avec écrivains et réalisateurs, en partenariat avec les établissement scolaires, la médiathèque et la librairie « Quartier libre » en automne.

 M.Mardikian, l'un des délégués du festival francophone d'Angoulême, nous en présente l'édition 2009, incluant la possibilité d'un partenariat avec Cinémania à Barbezieux :

- la veille de l'ouverture du festival, soirée  « Anouk Aimée » qui viendrait parrainer notre cinéma,

- le lendemain de la clôture, projection du film primé à Angoulême en présence de l'équipe du film.

M.Mardikian (merci à lui !) offre 20 pass pour le festival d'Angoulême à 20 spectateurs tirés au sort.

Enfin, projection du film « Promets-moi », d'Emir Kusturika.

Bonnes vacances, bon été, et à bientôt au cinéma !