« Valse
avec Bachir »
de Ari Folman
Un des meilleurs films de 2008 pour la reprise de notre cinéclub ! Un des plus émotionnellement éprouvants, aussi !
Présentation éclairée et éclairante de Stéphane Rauser* qui a l'amabilité de nous faire profiter de son savoir et de son intérêt particulier pour ce film. Il replace le sujet, à savoir le massacre de Sabra et Shatila en 1982, dans son contexte historique et géopolitique.
« Valse avec Bachir » est un documentaire au sens où le témoignage d'un acteur d'un fait, à savoir
Ari Folman lui-même, est un document. Mais sa mémoire refuse les souvenirs, parce que sa conscience refuse l'horreur.
Alors il lui faut, comme dans une psychanalyse, faire réémerger les morceaux du puzzle enfouis, aller à la recherche de témoignages de compagnons du cauchemar qui mêlent rêves et bribes de souvenirs réels... Et comme on ne peut filmer le passé, comme celui-ci est teinté de couleurs particulières, comme la mémoire remplit les trous de choses qui n'ont pas existé, il ne reste plus qu'à dessiner, tenter de recoller ce qui reste de la vérité pour pouvoir la regarder, 25 ans après...
Des meutes de souvenirs mordants, des meutes de souvenirs, des souvenirs sombres et pluvieux aux yeux jaunes qui se perdent parfois dans des échappées bleues... Beyrouth m'envahit, la ruine m'envahit, le désespoir m'envahit... depuis la nuit des temps, l'homme va de massacre en massacre et sa mémoire s'en accommode sans trop de mauvaise conscience !!!
Je crois que je suis encore plus secouée que la première fois que j'ai vu le film, il y a un an environ... et toute la salle est comme moi, figée, bouleversée, il faut de longues minutes pour que Stéphane Rauser puisse lancer le débat.
* Stéphane Rauser est professeur de français et animateur de "collège au cinéma"
